Découvrez « Ubuntu » : la philosophie d’Obama et Mandela

Découvrez « Ubuntu » : la philosophie d’Obama et Mandela

Ubuntu

Les accords toltèques ça vous parle ? Vous allez adorer Ubuntu, ce concept humaniste venu d’Afrique du Sud (et non pas le système d’exploitation pour PC qui porte le même nom). L’Ubuntu ce sont des principes de vie basés sur la compassion et la connexion aux autres, qui permettent d’accéder au bonheur. Ça tombe bien : être heureux·se était dans notre liste des bonnes résolutions 2023.

La philosophie Ubuntu a guidé Nelson Mandela, Desmond Tutu et Barack Obama. Autre point commun : les trois ont reçu le Prix Nobel de la paix, respectivement en 1993, 1984 et 2009. Coïncidence ? Je ne crois pas. En tout cas, ça donne envie d’essayer ! Voici 5 des 14 principes de l’Ubuntu à facilement appliquer au quotidien pour guider nos vies.

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Ubuntu, c’est quoi ?

Ubuntu est autant une approche du monde qu’un mode de vie. En langue xhosa que l’on parle en Afrique du Sud, le terme désigne « l’humanité ». En 2013, Barack Obama résume assez bien cette philosophie de vie, lors de son discours pour les funérailles de Nelson Mandela, ancien président de l’Afrique du Sud. Il déclare : « Il y a un mot en Afrique du Sud – Ubuntu – qui incarne le plus grand don de Mandela, celui d’avoir reconnu que nous sommes tous unis par des liens invisibles, que l’humanité repose sur un même fondement, que c’est en partageant avec les autres et en nous occupant de celles et ceux qui nous entourent que nous nous réalisons. »

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Tous ceux qui sont Ubuntu lèvent la main

Pour entrer plus dans les détails, Mungi Ngomane, petite-fille de Desmond Tutu, en a écrit un livre : Ubuntu – Je suis car tu es – Leçons de sagesse africaine. Les fameux 14 principes d’Ubuntu donnent des clefs pour surmonter une situation difficile, trouver du sens dans ses actes, vivre mieux avec les autres ou encore agir pour changer les choses.

N°1 : Faire preuve de respect envers soi et les autres

Pour Mungi Ngomane, avoir autant de respect pour soi que pour autrui est l’un des principes les plus fondamentaux d’Ubuntu. « L’idée est simple : si une personne se respecte elle-même, elle est beaucoup plus susceptible de faire de même pour les autres », explique l’autrice. Et ça marche aussi dans l’autre sens selon son grand-père Desmond Tutu : « mon humanité est entremêlée, inextricablement liée à la tienne. Lorsque je te déshumanise, je m’inflige le même traitement inexorablement ».

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« Y a un monsieur qui vous a manqué de respect à droite, là »

C’est quoi le respect selon Ubuntu ?

Le respect de soi selon Ubuntu, c’est penser et agir positivement envers soi, avoir de la considération envers nous-même, pour ce que l’on ressent et l’accepter.

Le respect envers l’autre, c’est se soucier de l’impact de nos actes sur elle ou lui, prendre en compte ce qu’il ou elle ressent et accepter l’existence de son opinion (même si on la trouve vraiment nulle). Nelson Mandela écrit à ce propos dans son livre Un long chemin vers la liberté : « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres. »

Comment vivre le respect Ubuntu au quotidien ?

Se respecter soi-même passe par la considération de soi, en se concentrant sur le positif. En gros : arrêter de s’autoflageller et s’envoyer des petits cœurs tout doux. Quant au respect d’autrui : notre défi va être d’accepter (sans forcément adhérer) une opinion avec laquelle on n’est pas d’accord. Par exemple : celles et ceux qui disent que c’est mieux de verser de l’eau PUIS le pastis dans un verre (on n’a pas dit que ça serait facile).

Les effets bénéfiques ? Pas mal de sérénité si on en croit Desmond Tutu : « Quelqu’un d’Ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi ». Mais attention, le respect a ses limites : « Si vous êtes neutre dans les situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’agresseur », dit Desmond Tutu.

N°2 : L’union fait la force

Ça, on connaît : lorsque nous nous lions et nous mettons d’accord, nous avons plus de poids, d’impact ou de force. Mais le principe Ubuntu va beaucoup plus loin sur le sens de cette phrase. L’union fait la force, explique Mungi Ngomane dans une interview sur France24, c’est « rester consciente que je ne me suis pas faite toute seule, qu’il y a eu tant de gens qui étaient là avant moi et m’ont permis d’avoir la vie que j’ai ». Dans la préface du livre Inspirations et paroles du Dalaï-Lama, Desmond Tutu dit que « nul ne vient au monde achevé. Nul ne saurait penser, marcher, se conduire s’il ne l’avait appris de ses frères. Chacun a besoin d’eux pour acquérir son humanité. »

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Fuuuusiiioooooooon

C’est quoi cette fameuse union ?

En clair, on ne se fait pas par soi-même, mais on se construit grâce à notre environnement, aux autres, ainsi que celles et ceux qui nous ont précédés. L’union ici c’est donc à la fois celle avec nos ancêtres, avec la nature qui nous entoure, les personnes qui vivent avec nous et celles qui resteront après nous.

« L’union ici c’est donc à la fois celle avec nos ancêtres, avec la nature qui nous entoure, les personnes qui vivent avec nous et celles qui resteront après nous »

Ubuntu nous invite à prendre conscience que l’on se construit par les autres et que les autres se construisent par nous. Notre évolution et nos destins sont communs : nous devons donc avancer ensemble en s’inspirant des uns et en aidant les autres. On résume souvent Ubuntu avec cette phrase de Desmond Tutu : « je suis parce que d’autres sont. »

Comment vivre cette union au quotidien ?

Atteindre le sommet d’une montagne en s’inspirant du récit d’un·e explorateur·trice, en demandant des conseils dans un refuge ou en faisant la marche à plusieurs pour s’entraider, n’est pas moins satisfaisant que de le faire seul·e dans son coin, sans parler à personne. Cela permet aussi d’avoir un peu d’humilité sur la personne que nous sommes et de la reconnaissance envers les autres. Cela donne le sentiment d’appartenir à une communauté et à l’humanité, tout simplement.

Mais attention, ce n’est pas parce que l’union fait la force que le bon est du côté des plus fort·e·s. « Celui qui crie le plus fort n’a pas forcément le plus bon sens et une foule agitée n’est pas forcément le mieux à même de décider de ce qu’il faut faire », dit Desmond Tutu.

N°3 : Préférer l’espoir à l’optimisme

C’est un mot qui revenait souvent dans la bouche de Nelson Mandela : « Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs ». Barack Obama lui invite à avoir « l’audace de l’espoir », à savoir : être intimement persuadé·e que même si l’on vit des échecs personnels nous sommes toujours maîtres de notre destin.

star wars espoir
« L’espoir est la seule chose plus forte que la peur »

C’est quoi l’optimisme et l’espoir dans l’Ubuntu ?

Les deux notions sont importantes. L’optimisme n’est pas de la naïveté, mais une énergie positive qui permet de chanter sous la pluie, applaudir quand on perd, rire quand c’est la cata… Mais il ne se suffit pas à lui-même. Il a besoin d’un guide : l’espoir. L’espoir est notre boussole, et celle-là, on sait vraiment la lire ! Quand Ubuntu dit de « préférer l’espoir à l’optimisme », cela revient à dire « un bon guide vaut mieux que des bonnes lunettes ».

Comment vivre cet espoir au quotidien ?

Lorsque l’on suit la philosophie Ubuntu, nos décisions et nos choix sont guidés par l’espoir et non par la peur. L’optimisme nous permet aussi d’accepter n’importe quel événement, même malheureux et l’espoir de donner un sens à ses expériences pour en tirer le meilleur. « Dans la vie, je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends », a dit Nelson Mandela. C’est quand même un peu plus inspirant que de juste dire qu’on voit « le verre à moitié plein » (même si on adore les verres pleins).

Mais attention, avoir de l’espoir n’est pas un état passif. Si on attend sans agir que les choses s’arrangent d’elles-mêmes, on y est encore à la Saint-glinglin !

N°4 : Trouver l’humour dans notre humanité

Desmond Tutu était connu pour son humour et son rire très communicatif. Vous pouvez d’ailleurs l’entendre à la fin de cette vidéo où il raconte devant une assemblée une blague sur la Vierge Marie (on rappelle que Desmond Tutu était archevêque anglican). Nelson Mandela était lui aussi réputé pour ses blagues et ses punchlines bien placées. L’humour a toujours été une force et même une arme pour ces deux hommes qui ont œuvré dans un pays longtemps déchiré par les violences et la ségrégation raciale.

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« On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui »

Comment trouver l’humour dans notre humanité ?

Mungi Ngomane rappelle que dans l’Ubuntu, le rire est quelque chose de « très important » dont il faut user en toutes circonstances. Pour cela, il faut parfois mettre sa susceptibilité de côté et faire preuve d’humilité.

Comment vivre l’humour Ubuntu au quotidien ?

Rire de soi ou d’une situation compliquée devient un moyen d’affronter des choses difficiles et de les accepter. Il permet aussi de casser les barrières et de créer du lien avec les autres, de partager et parfois d’apaiser des tensions.

Mais Ubuntu précise bien que le rire se partage AVEC les autres et ne se fait donc pas aux dépens d’eux. Si quelqu’un se moque des autres et que ça ne fait rire que lui, ce n’est pas Ubuntu (ni drôle visiblement).

N°5 : Les petites choses font une grande différence

Desmond Tutu en était absolument convaincu : « Une bonne action ne s’évapore pas, ne disparaît pas purement et simplement ». Il a notamment dit « faites le bien, par petits bouts, là où vous êtes ; car ce sont tous ces petits bouts de bien une fois assemblés, qui transforment le monde ».

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L’effet papillon vaut le coup de se lever le matin

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Chaque pierre, petite ou grande donnera toujours, un jour ou l’autre, un grand résultat. Ubuntu nous montre aussi qu’un acte insignifiant pour nous, peut avoir de grandes conséquences pour quelqu’un. Dans cette philosophie de vie, les petites choses positives du quotidien ont de l’importance et du sens. Il ne faut donc jamais se retenir d’agir pour le bien, quelque soit l’importance de l’acte.

« Nous ne sommes peut-être pas en mesure d’arrêter le mal dans le monde, mais la façon dont nous traitons notre prochain nous revient entièrement ». Barack Obama

Comment vivre ce principe au quotidien ?

Nos petits actes nous permettent de faire partie d’un tout qui a du poids. Toutes nos actions ont de la valeur (et ça, ça fait du bien à l’ego quand même). C’est un bon moyen de sortir de sa flemme fatale quotidienne et d’agir, même juste à son échelle. Mais attention, quand on dit que toutes les petites actions comptent, cela marche à condition de bien garder en tête ce qui a de l’importance.

Une fois par semaine, le meilleur de Chilowé pour toutes celles et ceux qui aspirent à un mode de vie local, joyeux et tourné vers la nature.